Le 21 septembre 1991, Carzou, le Dr Niel et le Maire Raffalli inauguraient la Fondation Carzou. Le même jour, l'Arménie fêtait son indépendance.

Pour les 20 ans de la Fondation, Raymond Tétart, Vice-Président, a offert un très beau discours à l'assemblée.



  «  Mesdames, Messieurs , chers amis.

Merci d’être avec nous en cette fin de journée du 21 septembre qui marque à la fois, le 20ème anniversaire de la république arménienne et  de l’ouverture de la Fondation Carzou. C’est une coïncidence mais quand on se souvient que Carzou est né Karnik Zouloumian, reconnaissons que c’est une coïncidence heureuse… Au départ, il y eut cette chapelle et des bâtiments plus ou moins abandonnés parce que d’entretien difficile, leur rachat par la Ville de Manosque et la volonté des municipalités Raffalli et Cabannes, l’entregent du Docteur Niel et l’acceptation de Carzou de réaliser sur ces 660 m2 de murs  et dans ce décor un peu surprenant  de néo-classique très tardif ce qui peut être considéré comme son grand œuvre et son testament : l’Apocalypse.  Quand il commence cet ouvrage en 1985, il a 78 ans ; il ne cherche plus la gloire ni la reconnaissance ; elles lui étaient acquises depuis longtemps ; il avait peu à peu imposé son graphisme visionnaire et ses personnages étranges, ses ombres improbables et ses paysages désolés,  ses couleurs intenses et ses îles blanches. Tout ceci se retrouve dans la chapelle où nous sommes. L’artiste n’ira pas plus loin puisque la nouvelle Jérusalem est là.

La première tâche de la Fondation est de faire connaître cette œuvre et nous nous y employons toute l’année au moyen de dépliants maintenant  réellement utiles aux visiteurs individuels, de visites guidées pour les groupes et, depuis peu  de visites pédagogiques utilisant des livrets conçus pour différents niveaux scolaires ; mais la Fondation doit être aussi un lieu de rayonnement culturel ce qu’elle est par ses conférences, week-ends cinéma,  spectacles variés, souvent en liaison avec le Conservatoire de Région, participation, désormais active  aux grandes manifestations culturelles de la Ville (Eclats de Lire ou, comme en ce moment, Les Correspondances). Il y eut aussi la digne célébration du centenaire de la naissance du maître en 2007 ; et cette année, du 20ème anniversaire de la Fondation axé sur le travail que Carzou a fait pour le théâtre ; ce soir même, et vous en voyez les préparatifs, une représentation des « indes galantes » de Rameau , spectacle auquel Carzou avait participé à l’Opéra en 1952. Dans peu de temps, une soirée Offenbach  fera suite  à la belle exposition de cet été consacrée aux costumes et décors de La Périchole.

20 ans, c’est le bel âge, disait-on… Encore un peu fragile tout de même ; l’âge où il faut s’affirmer ; nous avons toujours bénéficié du soutien de la municipalité ; à celles, fondatrices déjà citées, il faut ajouter l’action soutenue de celle dirigée par le  regretté Robert Honde ; et celle, maintenant de la Communauté de Communes  que pilote Bernard Jeanmet-Peralta. Mais les temps sont difficiles ; la subvention officielle aurait besoin d’être appuyée sur un mécénat pour l’instant introuvable malgré nos efforts.

Les atouts sont réels : l’œuvre de Carzou dans la Chapelle, qui suscite toujours l’intérêt des visiteurs   (il y a eu vraiment beaucoup de monde au cours des dernières journées du Patrimoine) ;les salles du dessous, toujours très appréciées par les artistes,  la compétence professionnelle de  notre attachée culturelle et l’immense bénévolat de gens trop modestes pour être cités ici mais sans lesquels, je pèse mes mots, la Fondation  ne pourrait  fonctionner Cette  Fondation  peut être une chance réelle dans une région en pleine transformation et  dans laquelle la demande culturelle de qualité ne fera que croître. Il serait dommage  de négliger cette chance.

Gardons l’espoir ; 20 ans, cela ne va pas avec l’automne qui s’annonce ;  pensons au printemps déjà, et à beaucoup d’autres printemps ; buvons un  coup et  regardons le film d’époque tourné par Gilbert Chauvet, que je remercie chaleureusement au passage ; et rendez-vous tout à l’heure pour les Indes galantes.

Merci »